Samedi 8 mars était la journée internationale de la femme, l’occasion de rappeler les nombreuses discriminations dont sont victimes les femmes. Dimanche 9 : occasion de rappeler les inégalités en défaveur des hommes ?
Loin de moi l’idée de remettre en cause la légitimité du combat pour l’égalité des droits entre femmes et hommes et la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes. En pointant du doigt les inégalités en défaveur des hommes, il s’agit d’élargir la réflexion pour sortir d’une bataille des sexes et inscrire le féminisme dans le tableau des progrès de l’esprit humain[1]. Dans ce court article d’actualité, j’ai listé des inégalités en défaveur des hommes un peu en miroir des listes d’inégalités que l’on trouve dans les journaux chaque année à la même période[2]…
Les chiffres avancés ci-dessous concernent spécifiquement la France.
- Echec scolaire : Les garçons redoublent plus que les filles quel que soit le milieu social s’origine (http://www.inegalites.fr/spip.php?article977) et 58 % des élèves concernés par le décrochage scolaire sont des garçons (http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=16379).
- Etudes : Les garçons ont de moins bons résultats que les filles sur l’ensemble du système scolaire et sont moins nombreux que les filles à accéder à l’enseignement supérieur (http://www.inegalites.fr/spip.php?article977).
- Liens sociaux : Les enfants adultes ont moins de liens avec leur père qu’avec leur mère (http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1157)… Chiffre à relier avec celui du suicide (qui sont principalement le fait des personnes de plus de 60 ans).
- Suicide : Trois fois plus d’hommes meurent par suicide que de femmes (http://www.sante.gouv.fr/etat-des-lieux-du-suicide-en-france.html).
- Logement : 60 % des sans-domiciles fixe et 95 % des sans-abri sont des hommes (http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1455).
- Prisons : 30 fois plus d’hommes écroués que de femmes (au 1er décembre 2013 : 2 196 contre 65 542 (cf. page 18 http://www.justice.gouv.fr/art_pix/mensuelle_decembre_2013.pdf).
- Espérance de Vie : Les hommes vivent 6,3 ans de moins que les femmes (http://www.ined.fr/fr/france/mortalite_causes_deces/esperance_vie/).
La liste n’est pas exhaustive mais elle est représentative du type d’inégalités subies par les hommes : des inégalités en matière de santé, d’éducation et de liens familiaux. Si on divisait la France en deux pays, celui des hommes et celui des femmes, celui des hommes aurait sans doutes un Produit Intérieur Brut plus élevé (le PIB mesure la richesse économique produite) et celui des femmes un Indice de Développement Humain plus élevé (qui prend en compte l’éducation et la santé) ! Il ne s’agit pas de dire qu’hommes et femmes sont quittes, mais d’aller au-delà des comparaisons de statistiques pour s’intéresser aux processus à l’origine de ces inégalités…
Référence bibliographique :
- Condorcet, J.-A. (1793-1794), Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, suivi de “Fragment sur l’Atlantide”.
[1] Je paraphrase ici le titre d’une œuvre d’un grand féministe : Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain” (Condorcet, 1793-1794).
[2] Exemple dans Le Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/07/la-discrimination-sexuelle-fait-de-la-resistance_4379346_3224.html
Hommes et femmes sont des victimes du système social, comme on se défoule sur plus petit que soi, il se trouve que ce sont le plus souvent les femmes les plus laizées du système.
L’origine du mal restera les inégalités sociales en général et le manque de développement sur tous les plans, il faudra y remédier pour rééquilibrer le décalage entre les sexes.
Ben je ne suis pas du tout d’accord avec toi sur ce coup. Justement, les droits des femmes sont mis en avant une journee et une seule par an. C’est l’occasion de montrer le chemin qui est encore a parcourir. Demander une journee pour les inegalites des hommes, de surcroit juste apres celle pour les droits des femmes, ca annule le message pour les droits des femmes. Entre les lignes, le message serait: vous les femmes on veut bien lutter pour vos droits mais attention, demain on reprend la main.
Et pourquoi parlons nous des femmes? parce qu’elles restent discriminees, parce qu’il nous faut des lois pour pouvoir tenter de changer les mentalites, et malheureusement ces lois ne sont bien souvent meme pas appliquees. Les inegalites dont tu parles sont certes a gommer au plus vite dans l’ideal, mais on ne parle pas d’un systeme de discrimination a l’egard des hommes. Etre un homme reste malgre tout le genre par defaut dans nos societes, qui sauf cas particulier ou divergence flagrante de la norme, permet de continuer son chemin sans trop d’encombres. C’est pour cela qu’on ne peut pas mettre sur le meme plan un travail de changement de mentalites de longue haleine pour ameliorer le sort des femmes dans notre societe grace au changement de la perception qu’on a d’elles (cf http://m-e-u-f-s.tumblr.com/post/79174914848/moi-homme-moi-manger-viande-et-moi-aimer-gras par exemple pour voir d’ou on part) et la mise en place de solutions specifiques pour les situations que tu decris.
Dernier point: lutter pour les droits des femmes n’est pas synonyme de lutter contre les hommes. C’est lutter contre un systeme qui place une categorie de personnes au-dessus d’une autre. Et on retrouve les deux sexes dans le camp de ceux qui luttent et dans celui ou les gens preferent le status quo.
L’idée de ce billet est de se moquer un peu de ce marronnier du 8 mars consistant à résumer la journée de la femme à une liste de chiffres choisis.
Le débat sur le genre m’a réjoui car il a souligné que la nature du problème était dans largement dans les sexo-stéréotypes qui biaisent les choix de vie des femmes autant que des hommes.
D’autre part, quand on regarde les victimes des chiffres que je cite, on se rend compte qu’il ne s’agit pas de n’importe quels hommes : ce sont des hommes issus des milieux populaires. Les luttes des “minorités” aux cours des 40 dernières années n’ont pas forcément réduit le pouvoir des élites masculines blanches hétérosexuelles, elles ont certainement touché le statut social des hommes des classes populaires, notamment blancs (plus avantagé que ceux des minorités ethniques).
La je suis d’accord, mais c’est autre chose que de dire une journee pour les hommes. Et en fait, quand tu regardes bien les revendications du feminisme (intersectionel), il est bien souligne que la lutte contre les discriminations envers les femmes doit necessairement aussi passer par la lutte contre tous les autres types de discrimination. Donc quand on est feministe on est aussi en theorie contre le racisme, l’homophobie, etc.
Mais c’est vrai que c’est loin d’etre toujours le cas en pratique, quand tu vois que certain-e-s se sentent obliges de faire des hierarchies dans les luttes.
Dans mon propre cas: je fais partie du comite Equality & Diversity de mon universite depuis peu. On met en place un systeme assez lourd pour pouvoir avoir une vision globale des inegalites h/f au niveau du staff et des etudiants. Hommes et Femmes sont inclus dans le projet. Plein de bonnes volontes. On parle de pas mal de choses: discriminations envers les femmes mais aussi homophobie, transphobie, handicapes etc… Quand celle qui preside la reunion mentionne le fait de mettre en place le meme systeme pour faire le bilan des discriminations envers les minorites, on sent un desengagement de la salle. voici le discours qui a ete tenu (par une femme): oh non! c’est beaucoup de travail quand meme! on ne va pas commencer a multiplier les causes! ou ca va s’arreter apres?
Nous etions trois minorites dans la salle (moi et deux hommes du sous continent indien) et nous n’avons rien dit.
Voici donc les consequences de la hierarchisation d’une part et de l’internalisation du silence (je ne pense pas que ce soit tres francais mais ca veut dire qu’on n’a pas l’habitude de ‘voice’) d’autre part: no action.
J’ai bien un “?” après la journée de l’homme :-). La difficulté aussi de la spécificité des discriminations que subit chaque groupe, avec parfois même des interactions entre elles (les beurs et les beurettes par exp. ne sont pas victimes des mêmes stéréotypes). A l’occasion je serai bien curieux de voir ce que vous pouvez faire concrètement dans une université. Je sais que dans ma fac, il y a une commission “égalité” mais j’ai l’impression qu’il s agit d un comité théodule qui organise des conférences auxquelles n’assistent que les convertis proches de la retraite, ceux qui ont le temps de venir à 19h… A mon niveau, j’ai remarqué que systématiquement dans mes exemples de cours, j essayais d’éviter les sexosétrétyopes quitte à être un peu lourd (exp. “une infirmière ou un infirmer, va faire des choix influencés par …”,”dans un couple chacun des conjoint peut avoir une spécialisation” sans parler de mari et femme….)